Chroniques de la Bourse Déliée (par Ariel)
C’était un vieux grigou, de la pire espèce qu’il soit, de la sorte poilu, avec de grosses mains et un gros bâton.
Tous les jours, il les passait sur les routes à brigander, à surgir de derrière un passant, et à le matraquer en un seul coup. C’est qu’il était très expérimenté, en un seul coup, il assommait le plus buté des sergents de patrouille et en vrai professionnel, celui-ci se réveillait sans aucun mal de tête
Mais un jour, il rentra chez lui très déprimé. Il cessa de brigander une journée entière. Puis deux. Puis toute une semaine passa, et une deuxième, et une troisième ensuite, sans qu’il sorte de sa masure dans la forêt.
Il
était une fois un brigand.
C’était
un vieux grigou, de la pire espèce qu’il soit, de la sorte
poilu, avec de grosses mains et un gros bâton.
Tous
les jours, il les passait sur les routes à brigander, à
surgir de derrière un passant, et à le matraquer en un
seul coup. C’est qu’il était très expérimenté,
en un seul coup, il assommait le plus buté des sergents de
patrouille et en vrai professionnel, celui-ci se réveillait
sans aucun mal de tête
Mais
un jour, il rentra chez lui très déprimé. Il
cessa de brigander une journée entière. Puis deux. Puis
toute une semaine passa, et une deuxième, et une troisième
ensuite, sans qu’il sorte de sa masure dans la forêt.
Les
gens des alentours, inquiets, vinrent frapper à sa porte, pour
s’enquérir de son état.
«
Hé bien voyons Gaspard, que vous arrive il ? L’on ne vous
voit plus sur les routes avec votre gourdin à assommer les
marchands de passage ! Etes vous malade ?
_Laissez
moi tranquille, dit Gaspard, ma vie n’a pas de sens, tous les
jours, je les passe à matraquer les passants sans autre but
que récupérer leur argent. Ma vie ne se résume
qu’à ça ! En serais je donc réduit à si
peu éternellement ? Non, cela n’a pas de sens…
_Voyons
dirent ses voisins, il ne faut pas s’en faire pour si peu, c’est
la vie, ça va passer…
_Taisez
vous et laissez moi tranquille.
Les
paysans du coin s’en allèrent tout triste, car ils en
étaient venu à aimer Gaspard le brigand, qui leur
amenait plein de marchandise pour beaucoup moins chère que les
marchands itinérants… Il s’en allèrent quérir
le sage du village et lui expliquèrent le problème.
Celui-ci se gratta la tête et dit : « Il a beaucoup trop
travaillé ces derniers temps, il nous fait une petite déprime.
Ce qu’il lui faut, c’est se changer les idées. »
Les
villageois allèrent alors à la hutte de Gaspard, le
firent sortir et attachèrent un baluchon à son gourdin.
« Il faut que tu te changes les idées, voyage un
peu, vois du pays, visite la capitale ! »
Gaspard
alors se mit en route.
Gaspard
se mit alors en route vers la capitale.
Le
premier jour, il traversa un village fort semblable au sien, qui
apprécièrent beaucoup les prix qu’il faisait. Le
deuxième jour (car il lui fallait une seule journée
pour atteindre le village voisin), il lui arriva en chemin un
événement fâcheux : il était environ à
mi distance du prochain village, lorsqu’il croisa un passant fort
bien habillé qui attendait assis sur un rocher. Il le salua
poliment et continua son chemin. Mais tout d’un coup, il ressentit
un coup violent sur la tête et sombra dans
l’inconscience…
Lorsqu’il
se réveilla, il avait été dépouillé
de tout son argent mal gagné, ainsi que de tous ses biens.
«
Fichtre, le fourbe, le scélérat ! Si jamais je remet la
main dessus, alors il va passer un sale quart d’heur ! »
Le
seul objet qui lui restait, était un bout de papier sur lequel
était écrit :
«
Vous avez été racketté par Enguerrand le
Brigand. N’oubliez pas d’apporter ce mot au plus proche poste de
police. Le malfaiteur sera poursuivi, mis en procès et
condamné, même si il est déjà à des
lieues de là. »
Malheureusement,
Gaspard ne savait pas lire. Il laissa donc le papier s’envoler avec
le vent et poursuivit son chemin, les poches vides vers la
capitale.
Arrivé
au prochain village, il se mit en quête de quoi se nourrir.
C’est que sans argent, tout est plus difficile. Les gens ici ne le
connaissaient pas, et le regardait d’un sale œil. Il déambulait,
sans but, dans le village et se mit à faire ce qu’il n’avait
jamais fait, il se mit à mendier. Les gens du coin, de vrais
radins, ne lui donnèrent que cinq misérables pièces.
Il
s’apprêtait à dormir dans un coin quand le curé
du coin vint le voir,
«
Viens donc chez moi lui dit il, tu y seras mieux »
Alors
Gaspard alla chez le curé, et lui raconta l’histoire de sa
vie. Celui-ci l’écouta jusqu'à tard dans la soirée,
et avant d’aller se coucher, il tendit la main vers la cheminé,
et lui montra les deux chandeliers qui y étaient.
Tu
vois ces deux chandeliers ? Ils sont en argent, je veux que les
prenne avec toi demain quand tu t’en iras, tu en tireras un bon
prix.
Gaspard
essaya de refuser, non c’était trop, l’hospitalité
suffisait déjà amplement, mais le curé insista
tellement que Gaspard finit par accepter et ils allèrent se
coucher.
A
la première heur le lendemain, il mit les deux chandeliers
dans son sac et quitta la maisonnée sans un bruit.
Mais
à la sortie du village, un sergent de police l’attendait
avec ses deux gorilles.
Voyons,
voyons, qu’avons-nous là, un vagabond qui quittent la ville
précipitamment ? C’est qu’on doit pas avoir la conscience
bien tranquille, contrôle d’identité ! Allez videz
votre sac ! »
Gaspard
haussa les épaules et se laissa fouiller, bien sûr le
sergent reconnut les chandeliers, et Gaspard protesta, que c’était
un cadeau du curé, Parole !
Il
fut traîné jusqu'à l’église devant son
hôte de la nuit précédente ;
«
Filou, scélérat, s’écria celui-ci, mes
Chandeliers en argent ! Des pièces de collection de grande
valeur bénis par Monsignor B… en personne ! J’avais bien
raison M. le Sergent de vous dire de faire attention à lui !
Cet homme est un gredin qui a abusé de mon hospitalité
! Et encore, je ne peux pas vous dire ce qu’il m’a dit en
confession, mais sachez que c’est un malfrat de la pire espèce.
»
Gaspard
eut beau protester de son innocence, peine perdu, les gardiens de la
paix le menèrent jusqu’en prison. Il fut amener en charrette
dans la capitale jusque devant le juge. Celui-ci avait les oreilles
bouchés par de la cire, la bouche bâillonnée par
un chiffon, et les yeux bandés (comme toute justice qui se
respecte…)
Le
procès fut très rapide, un homme reconnu avait été
dupé, un vol avait été commis, le juge lut très
vite une petit papier nommé "scrine" pendant qu’un
des huissiers lui rebandait très vite les yeux. Alors le même
huissier défit le bâillon, et le Juge put dire :
COUPABLE
Gaspard
alla alors en prison, où il resta trois jours. Et quand il en
sortit, il avait une dette de 1500 écus qui le poursuivait au
dessus de lui…
«
C’est stupide dit il, comment est ce que je peux avoir quelque
chose que je n’ai pas ? »
Alors
les huissiers de la prison se mirent à rirent…
Et
Gaspard parti fort déconfit…
«
A toute chose malheur est bon, au moins je suis à la Capitale…
»
Et
il partit se promener.
Gaspard
se promenait dans la capitale qu’il trouvait bien vide d’ailleurs.
Personne dans les rues, pas de magasin, les champs pas cultivés…
«
Brrrr, c’est sinistre une capitale. Dit il ; Pas d’animation, pas
de taverne, et pas le moindre pigeon à délester d’une
bourse ! »
Il
arriva alors à un bâtiment bizarre, ou des gens habillés
en noir et à chapeau pointu se disputaient ; il s’approcha
de l’un d’eux et s’enquérra du manque d’activité
dans les rues.
Le
monsieur en noir lui répondit d’une voix guindée :
«
C’est parce que c’est une capitale, il y a des capitales avec des
gens, et il y a des capitales sans gens ; C’est tout, c’est
scientifique !
_Ah,
oui, c’est vrai s’étonna Gaspard, c’est scientifique…Et
comment ce nomme ce lieu « demanda t’il ?
_
« Ceci, béotien, est une université ! » Sa
voix devient plus pédante encore. « C’est là
que réside tout le savoir de la terre ! On y apprend ses
lettres ! Et ses chiffres ! Et le grec ! Et le latin ! Et la médecine
! Seule les niveaux trooîîîs comme moi y ont accès.
C’est tout, c’est scientifique !
_La
médecine ? Vous voulez dire pour les maladies, dit Gaspard ?
Mais je n’avais jamais été malade. Je prends juste un
verre de vin de temps en temps quand j’ai la fièvre…
_Bien
sur, que vous n’êtes jamais malade, ignorant, puisqu’il n’y
a pas de médecin dans votre village de paysans. Mais si il y
avait un médecin, je peux vous dire qu’il y en aurait des
maladies ! Aussi vrai que je m’appelle Locke ! C’est tout, c’est
scientifique !
_Et
pour les brigands ? Est-ce qu’il y a des cours aussi ? pour
apprendre à bien taper, à crocheter les serrures,
poignarder dans l’ombre, tout ça ? »
Le
docteur regarde Gaspard bizarrement.
«
Non, » dit il lentement, « non, le brigandage, ce n’est
pas scientifique. »
A
ce moment là, un cortège de personnes passe dans la
rue, d’abord venaient les gardes du corps, ensuite les musiciens,
puis douze personnes bien habillé, qui péroraient en se
donnant du : très cher Coomte de Machiin, très chère
Barooone de Biduule, très cherrrr Dûûûûc
de Troûû, ainsi que tout une nuée de serviteurs
leur tournant autour…
«
Qui sont donc tout ces gens, demanda Gaspard surpris ?
Ça,
dit le docteur en reniflant, c’était la cour du Duc et ses
magistrats qui va prendre ses fonctions au château. Tout les
deux mois, on les change afin que cela ne soit pas les même qui
dorment sur les sièges du château et qui piquent dans
les caisses de la region, et le Duc est sans doute le plus grand
voleur de la région… »
«
Ah oui ! »dit gaspard… « C’est scientifique… »
«
Non, » renifla le docteur, « tout ça, c’est
politique ! »
Gaspard
n’avait pas entendu la dernière remarque du médecin.
Il avait une idée en tête, et se mit à suivre le
cortège jusqu’au château.
Mais
alors que le cortège put passer les portes, les gardes
l’arrêtèrent lui.
«
On ne passe pas. Les délibérations du conseil sont
confidentielles. Vous n’avez pas le droit de savoir si votre duché
est endetté ou pas, vous n’avez pas à savoir si il
existe une armée ou pas, si les conseillers sont vraiment
présent ou pas, et vous n’avez pas le droit non plus de
savoir si ils lisent vos requêtes. Quand aux Conseillers, ils
ne sont pas en train de dormir en ce moment.
Mais
je m’en fiche de tout cela, dit Gaspard, je viens pour voir le Duc.
C’est au sujet d’une affaire d’écus que je n’ai pas
mais que je dois quand même avoir mais que je n’ai pas…
«
Le duc ne s’occupe pas de philosophie », répondit le
garde en jouant avec son joli bouclier tout neuf, « il est bien
trop occupé à mater ses opposants et à se faire
aimer du peuple avec quelques mots de gentil chevalier du lac de
Rose. C’est ça être duc, même plus besoin d’être
démagogue maintenant. Il suffit juste de s’étouffer
de parfum »
«
Mais il me verra, moi, je suis un collègue ! s’écria
Gaspard
«
Un collègue ? « Le garde regarda suspicieusement
Gaspard…
«
Voulez vous dire que vous êtes un duc d’une contré
voisine ? Ou une sorte de noblesse de province ? Un Vicomte de
Quelque chose ? »
«
Pas du tout, » dit Gaspard, « je suis un voleur. Un
Voleur de Grand Chemin, même… »
«
Ha ça vous vous fichez de moi ? Holà vous autres !
»
Les
gardes se saisirent de bâton et s’approchèrent pour
donner la bastonnade à Gaspard.
Celui-ci
s’enfuit sans demander son reste, avec à sa trousse les
gardes du Château.
Gaspard
courut longtemps afin d’échapper à la troupe lancé
après lui.
Epuisé,
il alla s’étendre sous un buisson jusqu’à la nuit.
Réveillé par un craquement de brindille, il se réveilla
en sursaut et vit un homme en train de fouiller dans son sac.
Sale
voleur, cria t’il, et il sauta sur l’homme, et il se mit a le
rouer de coups. Soudain, il aperçoit le visage de adversaire,
c’est Enguerrand le Brigand !
Canaille
! T’attaquer à un collègue ! Ha, tu auras double
ration tiens !
Et
il redouble d’ardeur au combat !
Arrête,
arrête, beugle Enguerrand, je savais pas, arrête, je peux
tout arranger !
Ha
oui ? Tu peux me rendre mon argent, et payer aussi ces 1500 écus
que je n’ai pas ?
Non,
dit Enguerrand, ton argent, je l’ai déjà tout dépensé
en femme et en vin. Mais par contre, je peux te racketter ta dette,
regarde, je la vois qui tourne autour de toi…
Enguerrand
semble se figé un moment, puis, vif comme un lézard il
lance sa main droite et la referme tout prêt de la nuque de
Gaspard !
Je
l’ai attrapé dit il.
Et
en effet, Gaspard ne sentait plus le poids de la dette sur ses
épaules…
T’inquiète
pas, avec la carte de la sécu et il n’y paraîtra plus
dit Enguerrand en riant…
Viens,
je t’emmène dans un endroit super.
Et
il entraîna Gaspard loin dans la forêt, jusqu’à
une clairière d’un vert brillant, et ensuite jusqu'à
dans une caverne aux reflets chatoyants…
Alors
Gaspard vit quelque chose de merveilleux dans la grotte. La caverne
était éclairée par des dizaines et des dizaines
de flambeau qui se reflétaient sur les parois de la caverne.
Il vit toute une multitude de créatures habillées de
toutes les couleurs, qui virevoltaient en dansant sur une musique
affriolante… Certaines avaient des têtes de renards, d’autres
des têtes de chats, d’autres des têtes de lion, des
têtes vertes, des têtes noirs, certaines mêmes
n’avaient pas de têtes du tout ! Et il vit aussi des tonneaux
de vin et de bières desquels l’alcool coulait à
flot…
Gaspard
se tourne alors vers Enguerrand et lui demande ?
Est-ce
la… est ce la l’entrée de Faërie ? Ou de quelques
diableries ?
Tu
y es presque, c’est un peu des deux, c’est la Grotte, la grotte
des Joyeux Brigands, la LGJB pour les intimes, allez viens… Attend
met un masque, dit Enguerrand en lui tendant une cagoule en laine de
mouton. Et n’oublie pas de changer ton nom Et il mit lui-même
un masque de lapin et ils se dirigèrent ensemble vers la
Grotte.
La
Gaspard apprit à rencontrer ses pairs, à s’amuser, à
discuter des différentes techniques, bref, à s’initier
au mystère de la Grotte…
Quand
il revint à son village natal, c’était un homme
changé, il reprit sa place de détrousseur sur la
grand’route et recommença son travail avec le cœur à
l’ouvrage…
Ses
voisins furent contents de le retrouver de si bonne humeur, et se
réjouir du retour des marchandises à bas prix.
Mais
de temps en temps, alors qu’il attendait, Gaspard avait un sourire
mystérieux sur les lèvres… Dans la grotte, il avait
trouvé un but dans sa vie, il appartenait à un grand
tout, et un jour, oui, un jour, curé, sergent, médecins,
duc et gardes auront à bien se tenir…
Tel
est l’histoire de Gaspard le Brigand… Mais vous m’en direz plus
vous-même sur lui un jour…
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